"J'ai 6 ans, je vis cachée à Brest car on veut m'expulser. Je n'ai pas de papiers, je n'en d'ailleurs jamais eu, ma naissance n'a même pas été déclarée dans le village de N-Djengutaï de la république autonome du Daguestan, dans le Caucase russe, où je suis née. Avec ma mère, nous ne pouvons plus vivre là-bas, nos vies y sont même menacées. Ma mère qui n'est pas mariée fait "porter la honte" sur sa famille. A Brest, j'allais à l'école Jean Macé, j'avais plein d'amies, c'était bien !"
Patimat est une fillette de 6 ans, qui vit clandestinement, à Brest, depuis 4 semaines. Sa mère, Sakinat Amiralieva, est une femme seule, qui a fui la république du Daghestan (Caucase), menacée de mort par les islamistes fondamentalistes de son village, pour la seule raison qu'elle a donné la vie à un enfant hors mariage
Réfugiée à Brest, après 4 années d'errance, sous le coup d'un arrêté de reconduite à la frontière, elle n'a pas vu sa fille Patimat, 6 ans, depuis près d'un mois. La fillette vit en effet cachée dans des familles brestoises volontaires, pour échapper à l'expulsion.
En dépit d'une intense mobilisation locale, en dépit d'une couverture médiatique importante, c'est l'impasse !
A quelques mois d'échéances électorales importantes, le préfet se montre inflexible, en dévoué représentant d'un gouvernement autiste, partisan d'une politique sécuritaire, incapable d'apprécier le caractère inhumain de la situation vécue par Sakinat Amiralieva et sa fille Patimat.
Même la demande appuyée d'audience du comité de soutien auprès du préfet du Finistère est négligée.
Le 9 mai, jour ou Patimat, 6 ans aurait du rentrer à l'école, après les vacances de Printemps, retrouver sa maîtresse et ses amies, le comité de soutien appelle à un rassemblement le mardi 9 mai.
Une belle affiche a été réalisée par l'artiste peintre Paul Bloas , elle est vendue (prix libre) en soutien à Patimat, cette vente permettra d'aider au règlement des frais d'avocat.
Que de rebondissements depuis que l'errance de cette mè- re et de sa fille les a conduites à Brest. Sakina Amiralieva avait dû quitter précipitamment le Daghestan avec son bébé, an Aout 2001. Dans cette république Caucasienne gangrenée par l'islamisme radical, elle avait commis le "péché" suprême: concevoir un enfant hors mariage. Pour laver l'honneur de sa famille, le châtiment était la lapida- tion. Passant par l'Allemagne, puis Nantes, Patimat et sa mère avaient échappé à la mort mais n'avaient connu que des camps en transit et des chambres d'hôtel miteux. Alors que la fillette s'acclimatait enfin à une ville, à une école, un nouvel arrêté d'expulsion leur faisait de nouveau risquer l'indicible.
Larmes de joie 0000000000000000000000000000000 Alors, en quelques jours, des enseignants, des commer- çants, des mères de famille, des femmes d'officiers... se mobilisèrent autour d'elle. Une pétition (7000 signatures à ce jour) à même circulée à la préfecture maritime! La pa- rade choisie pour gripper la machine administrative fut de cacher Patimat. Hier soir, elle est sortie de plus de trois mois de clandestinité, le préfet les considère comme demandeuses d'asile et leur accorde un titre de séjour pro- visoire . Près d'elle, au milieu des larmes de joie, des ques- tions moins primordiales - même si importantes - se mur- muraient: " Elle sait nager, Patimat ?"000000000000 Extrait article Le Télégramme - Juillet 2006