1990

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Pontaniou, « un espace de liberté »...  (SUITE DE L’ARTICLE)

du centre-ville, afin de prendre un peu de recul. D'autres collages seront faits dans la ville même, notamment au port de commerce.

Chaque personnage demande environ douze à treize heures de travail. Première difficulté, le repérage des lieux, tant pour les couleurs que pour les dimensions. Car il a bien sûr fallu tenir compte du support d'origine. Les dix premiers jours de cette « incarcération » volontaire ont été consacrés au travail  en extérieur, toujours réalisé par rapport à un axe, une optique. Puis l'on rentre dans la zone progressivement, une zone que Paul Bloas qualifie de «zone tabou, zone de catastrophe qui garde ses secrets ».

« Les sensations que l'on éprouve ici donnent des idées ». L'eau qui suinte, l'impression d'une présence latente font régner une atmosphère pe-sante : « Quand on pénètre ici, on se voûte systématiquement, dit l'artiste. La première semaine a été assez dure, avec beaucoup de temps passé dans le silence ». Les seuls compagnons de Paul Bloas pendant ces trente jours ont été un pigeon, et surtout une mouette qui est restée trois semaines et qu'il nourrissait quotidiennement. Elle est morte vendredi dernier.

« Se préparer à sortir »

Psychologiquement, la sortie se prépare autant que l'entrée. Il faut s'apprêter à s'extraire de ce monde de contraste où le silence résonnait, où la solitude était peuplée. Il est vrai que Paul Bloas n'était pas complètement coupé du monde puisqu'il avait le téléphone et la télévision. Combien de fois a-t-il reçu, d'ailleurs, des coups de téléphone destinés à la maison d'arrêt de l'Hermitage... Comme quoi les vieilles habitudes ont la vie dure ! Et puis il y avait aussi la sortie de l'arsenal, ou sa partie de tennis, tous les jours, de 19 h à 20 h le soir, qui étaient autant de repères temporels.

C'est hier que Paul Bloas s'est arraché à cet espace carcéral devenu espace de liberté, à cette prison devenue « temple de création ». Après avoir voyagé dans sa tête — il parle de parcours mystique — il va voyager à travers l'Europe pour poursuivre son projet « Errance », dont les réalisations de Pontaniou font d'ailleurs partie. Il sera à Berlin et Budapest en septembre, après avoir travaillé à Belgrade en mai dernier à la demande des instituts français de ces différentes villes. Une exposition itinérante, regroupant photos et esquisses des collages réalisés à Brest et dans les pays de l'Est, sera mise en place. On devrait le

voir à Brest à la fin de l'année prochaine ou au début de l'année suivante. En revanche, l'artiste ignore encore si les portes de la prison de Pontaniou seront ouvertes au public afin que celui-ci puisse contempler les originaux.   (Article de presse: Le Télégramme de Brest)

 

Un détail de « La corde brisée »

Des personnages géants habitent maintenant les cellules

« Les fleurs du mâle », les roses sont des vraies, cueillies dans la cour de la prison.