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À LA SOURCE DES GRANDS BONSHOMMES

LES CARNETS DE VOYAGES DE PAUL BLOAS

(Article de presse: LE TELEGRAMME)

Jusqu'au 25 janvier, Paul Bloas expose au Quartz 250 études et croquis de voyages. Jouant de la multitude et de la répétition , cette exposition est une singu-lière remontée à la source des "grands bonshommes". Trop singulière pour ne pas tirer le signal de départ vers des aven-tures radicalement nouvelles.

Depuis vendredi, Paul Bloas présente à la galerie du Quartz 250 croquis de voyages et d'études préparatoires à ses "grands bonshommes" (photo: Le Télégramme de Brest)

D

ans un caisson étroit, ouvert sur le côté par une rangée de hublots, trois géants de papiers

se reposent, trop grands pour être embrassés d'un seul regard. Dans ce conteneur empli de couleur et d'ima-ginaire, ils attendent leur prochaine destination, le début d'une nouvelle aventure artistique, l'appareillage pour un autre voyage vers la base sous-marine de Bordeaux en Septembre 98.

Essaims vibrants

"Cet espace dans l'espace est un peu le déclencheur et la colonne vertébrale de cette exposition. Ils sont isolés parce qu'ils n'étaient pas fait pour ce lieu-là. Mais ils m'ont aussi aidé à trouver par réaction ce que je voulais montrer ici", déclare Paul Bloas. Toujours un peu en partance, le peintre brestois aime à poser son sac de loin en loin. Ici, il le vide carrément et répand sur les murs de la galerie du Quartz une nuée de 250 "crobards" de voyage, d'études, d'esquisses. On a rangé Paulo dans la catégorie "grands personnages éphémères isolés, collés sur les lieux désaffectés" et voilà qu'on découvre une multitude de petits dessins encadrés, assemblés en essaims vibrants, sur les murs impeccables d'un espace culturel.

Travaux inédits

Ouvrant volontiers le débat sur cette apparente con- tradiction, Bloas réfute la notion "essentiellement bourgeoise comme disait Giacometti" d'œuvre d'art à propos de ses "boulots". "Oui, c'est vrai, le cadre a un côté sacralisateur, mais c'était une manière de m'adapter au lieu qui m'était proposé. J'aime que ce soit un espace multiculturel. J'ai été particulière-ment intéressé par les questions qu'il me posait: comment l'occuper ? Que mettre dedans. Où m'arrêter, où commencer ?".

 

Au-delà de ces interrogations fondamentales, le visiteur aura le plaisir de découvrir au Quartz, des travaux personnels, par définition inédits, directement puisés dans le secret de l'atelier. En choisissant de mettre à nu les lignes de construction. Paul Bloas invite à une remontée passionnante à la source des "grands bons-hommes".

Vider la mémoire

Aucun croquis ne ressemble très précisément à l'œuvre terminée, mais on se plait à deviner dans les portraits démultipliés d'un ami comédien, dans une couleur, au hasard d'une attitude, d'un trait, des pièces importantes du puzzle Bloas. Un créateur singulier qui laisse volontiers le temps et les éléments le dépouiller de son œuvre, mais garde

Article du magazine brestois SILLAGE

 

toujours une trace (photos ou dessins) du résultat final. Qui gardait, faudrait-il dire car la plupart des travaux présentés au Quartz, sont à vendre. Comme si, éprouvant le besoin de vider sa mémoire, le voyageur avait souhaité laisser ses bagages trop encombrants sur le quai de l'oubli.                           (article  LE TELEGRAMME)

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