" MADA ; DEBOUT, DE TERRE ET D'EAU "
Un film réalisé par Paul Bloas sur une musique originale de Noir Désir
Il pleut sur des fresques exposées en plein air. Sur des hommes qui ressemblent à des titans de papier alignés le long des murs lépreux. Cela fait maintenant près de vingt ans que l'artiste Français Paul Bloas peint de grands personnages éphémères sur les murs des cités. Il en a déjà collé quelques centaines sur les murs de Brest ou encore de Beyrouth. Mais en 1999, il ressent le besoin de se tourner vers des vérités plus authentiques. Partir loin, très loin... C'est vers Madagascar qu'il se tourne, presque naturellement puisque c'est la terre de son enfance. Revenir trente ans plus tard pour retrouver ses racines, retrouver la matrice, se retrouver... De la terre Malgache, il a gardé une fascination intacte. A l'aide d'une caméra Dv, il lui consacre donc ce premier film lié intimement à son art pictural et soutenu par une musique originale de Noir Désir.
Son crayon court sur les feuilles. Paul Bloas retranscrit tout ce qu'il voit dans Diego-Suarez, à la pointe nord de l'île, où il 'est installé. Non loin de là, sur l'une des collines de Ramena, les restes d'un ancien camp de la légion étrangère l'intriguent. Il parcourt les ruines coloniales, s'en imprègne, les sondes pour cerner leur âme. On dit que Madagascar est une terre de signes et que pour les décrypter, il faut du temps, beaucoup de temps... Des mois plus tard, les croquis, les photos ont pris forme sous le pinceau, les personnages ont surgit en grandeur plus que nature. Et tandis qu'il les colle sur les bâtiments éventrés, autour de lui les charbonniers démolissent encore plus pour récupérer les matériaux. Alors qu'il redonne couleurs et vie, d'autres disparaissent sous le coup des masses. Tout n'est qu'éphémère. L'ambience semble irréelle, presque surnaturelle, soutenue par la musique de Noir Désir qui fait corps à l'image, s'en fait écho. Géants de papiers, personnages aux têtes de chèvres, ces animaux qui participent à la désertification du pays, ou à tête de bouc noir, symboles d'un pouvoir corrompu. Pour l'artiste, Madagascar vit une situation similaire depuis vingt ans: Le paysage se désertifie, il se délabre et devient le reflet d'un pays gangrené par la pauvreté. Quatre années se sont écoulées depuis le retour de Paul Bloas à Madagascar. C'est la saison des pluies, cette même pluie qui s'abat sur les toiles. Les géants s'effritent les uns après les autres, se déchirent, s'éparpillent sur le sol détrempé. Entre temps le gouvernement Malgache a changé. On espère des jours meilleurs et l'on danse dans les rues.
"J'ai libéré des formes et tu as suivi leur sillage... J'ai l'art et la manière et toi tu tournes en rond aux confins de la sphère..." Bertrand Cantat dit le prologue. c'est la fin de l'histoire. La fin d'un film achevé en 2003. (Texte: archive www.voyage.fr)